Origines, anecdotes et autres faits sur l’ordre national du Mérite

Créé il y a plus de soixante ans, l’ordre national du Mérite demeure l’un des piliers du système honorifique français. Destiné à récompenser les « mérites distingués » de citoyens issus de tous horizons, il incarne la reconnaissance de la nation envers celles et ceux qui, dans l’ombre ou la lumière, œuvrent au service de l’intérêt général.

Vous vous intéressez à cette distinction prestigieuse ? Nous vous dévoilons tout ce qu’il faut savoir sur ses origines et ses critères d’attribution. En prime, profitez de quelques anecdotes rafraichissantes sur cette décoration française !

La création d’une récompense pour préserver la Légion d’honneur

L’ordre national du Mérite, né dans la France des années 1960, est le fruit d’une volonté politique forte de moderniser et de rationaliser le système des distinctions honorifiques. À la fin des années 1950, le grand chancelier de la Légion d’honneur, le général Georges Catroux, alerte sur l’inflation des décorations et la nécessité de préserver la valeur de la Légion d’honneur, alors attribuée à un rythme soutenu, avec plus de 320 000 membres au début de la décennie. Son projet vise à créer un nouvel ordre national, capable de récompenser les « mérites distingués » dans tous les domaines, civils comme militaires, sans atteindre le niveau d’exception requis pour la Légion d’honneur.

Le général de Gaulle, revenu au pouvoir en 1959, reprend cette ambition à son compte. Il souhaite consolider l’unité nationale, revaloriser la Légion d’honneur, harmoniser et simplifier la mosaïque des distinctions alors en vigueur, et hiérarchiser l’échelle des mérites. Le 3 décembre 1963, il signe le décret fondateur de l’ordre national du Mérite, supprimant seize anciens ordres ministériels, coloniaux et civils qui échappaient au contrôle de la grande chancellerie.

Ce geste marque une rupture. Il s’agit d’ouvrir la reconnaissance de la Nation à des profils plus variés, y compris des classes d’âge plus jeunes, puisque la durée de service exigée est divisée par deux par rapport à la Légion d’honneur (dix ans contre vingt).

Le contexte de cette création n’est pas sans débats. Lors du conseil des ministres, plusieurs voix s’élèvent pour défendre certains ordres sectoriels, comme les Arts et Lettres, les Palmes académiques ou le Mérite agricole, qui seront finalement préservés. D’autres, à l’image du Premier ministre Georges Pompidou, craignent que le nouvel ordre ne devienne l’apanage d’une élite politique et administrative, au détriment de la diversité sociale. Malgré ces réticences, l’ordre national du Mérite s’impose rapidement comme le deuxième ordre national après la Légion d’honneur, et le plus jeune des grands ordres honorifiques français.

L’organisation et le fonctionnement de l’ordre national du Mérite

Vous vous prenez à rêver en regardant les médailles sur http://dragoparis.fr/decoration/ordres-nationaux/ordre-national-merite ? L’ordre national du Mérite se distingue par une organisation rigoureuse, inspirée de celle de la Légion d’honneur, et par une procédure d’attribution qui garantit la reconnaissance des mérites sur des critères précis et équitables. Cette distinction n’est donc pas attribuée à n’importe qui, bien loin de là.

Une structure hiérarchisée en cinq échelons

L’ordre national du Mérite comprend trois grades – chevalier, officier, commandeur – et deux dignités – grand officier et grand-croix. L’accession à chaque niveau se fait progressivement, après 3 à 10 ans de services. Fait important, chaque promotion doit récompenser des mérites nouveaux, non déjà honorés lors d’une précédente distinction.

Un conseil de l’ordre dédié

L’ordre national du Mérite possède son propre conseil, composé de 12 membres et présidé par le grand chancelier de la Légion d’honneur, qui en est également le chancelier. Le président de la République en est le grand maître. Ce conseil examine les candidatures, délibère sur les promotions et veille à la discipline et à l’intégrité de l’ordre.

Une procédure d’attribution encadrée

La nomination ne peut pas être demandée pour soi-même. Il faut être proposé par :

  • un ministre ;
  • une administration ;
  • une association ;
  • une personnalité politique ;
  • un groupe d’au moins 50 personnes dans le cas d’une initiative citoyenne.

Les dossiers sont étudiés avec soin avant d’être soumis au conseil de l’ordre. Deux promotions civiles ont lieu chaque année, en mai et en novembre, tandis que les promotions militaires se tiennent en avril-mai et en novembre. Les insignes ne peuvent être portés qu’après une cérémonie officielle de remise, publique ou privée.

Des exceptions pour services exceptionnels

Si l’ancienneté est la règle, il existe des exceptions pour des services exceptionnels nettement caractérisés, permettant une nomination ou une promotion sans respecter les délais habituels.

Une ouverture à la diversité

L’ordre national du Mérite est ouvert aux étrangers, qui peuvent être décorés mais ne deviennent pas membres de l’ordre. Sachez également que les membres des assemblées parlementaires ne peuvent être nommés ou promus pendant la durée de leur mandat.

Cette organisation, à la fois stricte et ouverte, fait de l’ordre national du Mérite une institution respectée, garante de la reconnaissance républicaine des mérites civils et militaires.

Vocation, critères et valeurs de l’ordre national du Mérite

L’ordre national du Mérite occupe une place singulière dans la société française, à la fois par sa vocation universelle et par la diversité des profils qu’il distingue. Son objectif est de récompenser les « mérites distingués » acquis dans tous les secteurs d’activité, qu’ils soient civils ou militaires, publics ou privés.

Un ordre à la vocation universelle et moderne

L’ordre national du Mérite a été conçu pour traduire le dynamisme de la société française. Contrairement à la Légion d’honneur, qui exige vingt ans de services et récompense des « mérites éminents », l’Ordre du Mérite s’adresse à des générations plus jeunes, avec une durée d’activité requise de dix ans seulement. Cette ouverture permet de stimuler les énergies individuelles et de fédérer toutes les volontés, en valorisant l’innovation, l’engagement associatif, et la participation au rayonnement de la France.

Donner valeur d’exemple et reconnaître la diversité

L’ordre national du Mérite est également pensé comme un moteur d’émulation collective. La communauté des récipiendaires incarne l’esprit civique français, chaque distinction devenant un exemple à suivre pour la société. L’ordre se distingue aussi par son engagement en faveur de la diversité. Il récompense des citoyens issus de toutes origines sociales, de tous secteurs économiques, y compris les nouvelles technologies et l’économie numérique. Depuis 2008, la parité hommes-femmes est effective dans les promotions, et l’initiative citoyenne permet à des groupes de proposer des candidats, renforçant ainsi l’égalité d’accès à la reconnaissance nationale.

Des critères exigeants mais accessibles

Pour être nommé chevalier, il faut justifier d’au moins dix ans de services distingués. L’accession aux grades supérieurs (officier, commandeur, grand officier, grand-croix) requiert de nouveaux mérites et le respect de délais minimaux entre chaque promotion. Les candidatures sont instruites avec rigueur, que ce soit par proposition ministérielle ou par l’initiative citoyenne, et la cérémonie d’admission, empreinte de solennité, marque l’entrée officielle dans l’ordre.

Un impact tangible sur la société

Avec plus de 337 000 personnes honorées depuis sa création, dont environ 3 800 Français et 300 étrangers chaque année, l’ordre national du Mérite témoigne de son impact significatif et de sa capacité à refléter la diversité et l’énergie de la société française contemporaine.